La douleur de Genou en course à pied




En voilà un vaste sujet que beaucoup de runners ont connu, connaissent ou connaîtront un jour. Je vais essayer de vous éclairer sur le sujet afin de mieux comprendre et d’appréhender votre douleur dans un premier temps et dans un second de faciliter votre prise en charge par un professionnel de santé.
La première étape est la plus importante car elle va permettre de poser le diagnostic différentiel approprié.

1- Où avez-vous mal ? …
En effet, bon nombre d’entre vous disent communément avoir mal à un genou ou aux deux mais toutes les douleurs ne se valent pas et le plus important est de préciser la localisation de votre douleur. Devant sous la rotule, sur la rotule, sur la face externe du genou, sur la face interne, …

2- Précisez votre douleur ?
On peut considérer qu’il existe plusieurs familles de symptômes. La sensation douleureuse, le craquement, la sensation de dérobement, …

3- Y a-t-il des facteurs déclenchants ou au contraire diminuants votre douleur ?
Votre douleur augmente-t-elle au cours de votre course ou votre entraînement, le dénivelé ou la montée et descente d’escaliers est elle douloureuse, votre douleur cède à chaud, …

4- Vous souvenez vous de votre premier épisode douloureux et de ce contexte ?
Trauma, post-course, apparition progressive ou brutale, …

5- Des facteurs accompagnant existent-t-ils ?
En fonction de certaines pathologies, des symptômes peuvent apparaître : oedème, rougeur, chaleur, douleur à la hanche, douleur sur l’arche interne du pied ou la voûte plantaire.

6- Et uniquement en cas d’automédication (ce que je déconseille grandement), certains traitements sont ils efficaces ?
Certains d’entre vous prennent des restes de traitement pour des pathologies précédentes pensant réussir à traiter leur problème. Dans quelques rares cas cela pourrait fonctionner, mais le rapport bénéfice/risque est relativement important (ulcère gastrique, contrôle anti-dopage positif, …) Dans tous les cas il est toujours utile de préciser si vous avez pris un traitement médicamenteux et si celui-ci a fonctionné ou pas. AINS (Anti Inflamatoires) par voie orale “en gélulle” (voltaren, profénid, …) en application locale (flector, voltaren, …), antalgiques (doliprane, paracétamol, dafalgan)

Dans la mesure où vous êtes capables de répondre à ces questions, la pose du diagnostic s’en voit facilitée. Je n’ai pas la volonté dans cet article de vous proposer un diagnostic personnalisé mais juste de vous donner un éventail des pathologies existantes. Le plus simple est de vous les présenter brièvement afin de mieux appréhender leur compréhension. Pour ce qui est d’en déterminer la cause, le plus judicieux est de consulter un professionnel de santé qui a été ou est adepte de la course à pied et connaissant parfaitement ce sujet (médecin, ostéopathe, ..). Je ne voudrais pas me faire accuser de prosélytisme, mais il faut reconnaître qu’entre runners on se comprend plus facilement.


I- Syndrome de la bandelette ilio-tibilae ou “syndrome de l’essuie-glace”
Par contre, lorsque vous effectuez une sortie en course à pied, à fortiori avec du dénivellé, vous constatez pour une distance qui est habituellement toujours la même, une douleur importante située au niveau du compartiment externe de son genou, qui vous contraint à arrêter votre course. Dés l’arrêt de cette activité la douleur diminue voir s’estompe totalement. Elle peut cependant parfois être moins typique et persister en dehors de l’effort.

La douleur est située au niveau du compartiment externe du genou , son intensité est variable. Elle présente quelques particularités. Au repos, lors de la marche, lors d’activités sportives qui nécessitent des courses irrégulières, comme le tennis, le basket, ou même lors de certaines activités en charge telle que le ski, il n’existe aucune douleur.

II- Tendinite des muscles de la patte d’oie
Un petit point d’anatomie pour commencer. La patte d’oie représente le lieu de terminaison, de 3 muscles sur la face interne du tibia (sur sa partie haute au niveau du genou). Ces tendons terminaux sont eux du sartorius (couturier), du gracile (droit interne) et du demi-tendineux. La partie terminale de ces tendons est séparée du ligament interne du genou par l’intermédiaire de bourse séreuses.
Les tendinites sont favorisées par des erreurs techniques dans la pose du pied lors de mouvements rapides à forte contrainte dans le contrôle de la rotation du segment jambier.
Elle se manifeste par une douleur de la face interne du genou irradiant vers la jambe, persistant souvent au repos, aggravée par l’effort, la marche et la descente des escaliers. La palpation à l’endroit de ces tendons est extremment douloureuse.

III- Atteinte Méniscale
Cette douleur est souvent ressentie par vagues, avec des périodes de gênes intenses, suivies de périodes sans douleur s’étalant sur plusieurs jours ou semaines. Néanmoins, la personne atteinte peut également ressentir une douleur sourde ou même simplement une raideur du genou.
 Le genou peut également être enflé, « bloqué », rendant impossible toute tentative d’extension, ou peut même se dérober ou vous donner l’impression qu’il va se dérober.

IV- Arthrose précoce, débutante du genou
Moins fréquente, à condition de respecter certaines règles de base, l’arthrose précoce du genou est une pathologie pouvant débuter à 35-40 ans. L’éviter est assez aisé dans la mesure où vous respectez les points suivants:
- Avoir une paire de chaussures de running de qualité et adaptée à votre morphologie
- Respecter des périodes de repos entre les entraînements
- Respecter la durée de vie de vos chaussures. Ne courez pas sur des chaussures usées. Les vendeurs dans les enseignes spécialisées vous conseilleront au mieux.
- Répéter la fréquence de votre foulée. En clair, pour la même vitesse multipliez les foulées au lieu d’en faire de longues entraînant une charge importante sur les articulations.
- Éviter de courir en surpoids. Diversifiez votre activité physique en couplant la course avec des sports « portés » (natation, vélo, …), le temps de retrouver un poids adéquat.
Les symptômes de l’arthrose sont assez faciles à diagnostiquer.
La douleur : c’est le premier symptôme au cours de l’arthrose du genou. D’abord lointaine, en fin de journée, après des efforts articulaires, elle peut devenir permanente, résistante au traitement médical et avoir un retentissement sur le périmètre de marche.
Son siège est variable en fonction de la localisation de l’atteinte.
L’épanchement est non systématique, il fait enfler le genou au dessus de la rotule ou parfois derrière dans le creux poplité(l’arrière du genou au niveau du pli). Il s’explique par la réaction de la membrane synoviale aux débris cartilagineux, afin de les éliminer sous forme de petites molécules dans les urines via la circulation sanguine. Il se compose d’un liquide visqueux et jaunâtre, aseptique, qui va créer une hyperpression et accentuer les douleurs.
En conclusion une arthrose débutant est surtout invalidante dans le plan sagittal (raideur en flexion ).

V- « Tendinite” sous rotulienne (en vert) …
Le tendon rotulien est très sollicité par le coureur à pied. C’est souvent l’insertion du tendon sur le tibia qui est l’objet de microruptures, impossibles à cicatriser à cause des sollicitations permanentes du tendon. Il se forme alors des nodules, voire des kystes, à la suite d’un entraînement ou d’une compétition. Ces nodules peuvent survenir lentement ou brutalement.Le tendon rotulien est alors très douloureux lors de tout mouvement de flexion. L’accroupissement peut parfois devenir impossible.

Lors de l’entraînement, la douleur n’intervient pas tout de suite, mais ou bout d’une certaine distance. Elle apparaît progressivement, puis s’intensifie, pour rendre chaque flexion de la jambe très pénible. Le retour à la maison est alors problématique. En course, la tenue d’une telle douleur impose l’arrêt de l’effort.

VI- Le syndrome fémoro-patellaire externe

Le syndrome fémoro-patellaire externe concerne essentiellement les sports nécessitant des flexions quadricipitales intenses et répétitives, il est donc plus volontiers facilement recontré lors de la pratique du trail ou pour ceux pratiquant volontiers la PPG avec

montée de marches. La douleur, siégeant à la face antérieure ou antéro- externe du genou, apparaît progressivement au cours de l’entraînement. Elle est favorisée par la course sur des terrains vallonnés et persiste après l’effort. Quelquefois les douleurs apparaissent en position assise prolongée (signe du cinéma), à la montée et à la descente des escaliers (avec des craquements), lors de la mise en station debout, avec sensations de blocage et de dérobements et des épisodes d’hydarthrose.

VII- Tendinite d’insertion du biceps fémoral
Le biceps fémoral fait partie des muscles ischio-jambiers externes. Il s’insère en haut sur la tubérosité ischiatique et, en bas, sur la tête du péroné, en arrière du ligament latéral externe : il est fléchisseur et rotateur externe du genou. Ce muscle stabilise les mouvements potentiellement traumatisants du genou en pivot rotation interne et participe à la stabilité active externe du genou. En cas de douleurs, le runner ressent des douleurs mécaniques externes, lors de la course avec changement de direction, et/ou lors de réceptions de saut dont la sévérité suit les règles de Blazina *.

L’examen clinique recherche la triade diagnostique : douleur à la palpation de l’insertion du tendon sur la tête du péroné, douleur lors de la contraction active du muscle en flexion du genou et rotation externe, et enfin douleur à l’étirement du genou en extension et rotation interne.

*CLASSIFICATION DE BLAZINA (valable pour la plupart des tendinopathies)
- Stade 1 : douleur en fin d’effort.
- Stade 2 : douleur à l’échauffement, disparaissant à l’effort ; réapparition en cas de fatigue physique.
- Stade 3a : douleur permanente lors de l’effort, avec diminution de la quantité et de la qualité de l’activité sportive.
- Stade 3b : douleur permanente interdisant l’activité sportive.
- Stade 4 : rupture tendineuse.

** Définition des “tendinites”
- Tendinite : atteinte inflammatoire du corps du tendon
- Ruptures tendineuses partielles ou totales (rupture complète).
- Tendinopathie nodulaire : soit par dépôts métaboliques (acide urique, calcium, … )soit par microdéchirures avec cicatrisation.
- Ténosynovite : atteinte de la gaine synoviale du tendon
- Enthésopathie : pathologie de la zone d’insertion du tendon
- Bursite : inflammation d’une bourse séreuse, structure de glissement de certains tendons.
- Tendinite calcifiante : Calcification du tendon
- Désinsertion tendineuse : déchirure de fibres tendineuses à la jonction myotendineuse.

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